Conduite pour malvoyants : possible ?
La vue est le sens le plus sollicité lors de la conduite. 90 % des informations perçues par le conducteur le sont par la vue tandis que les 10 % restants sont apportés par l’ouïe. Ces données expliquent aisément que 20 % des accidents de la route sont causés par des problèmes de vision. Certains pays ont mis en place des contrôles réguliers de la vision pour les automobilistes, mais comment cela fonctionne-t-il en France ? Sous quelles conditions peut s’organiser la conduite pour les malvoyants?
Est-ce qu’un malvoyant peut conduire ?
Une large partie de la population est affectée d’une déficience visuelle mineure qui n’empêche pas la conduite. La plupart des myopies, presbyties, hypermétropies et astigamaties peuvent être suffisamment corrigées par des lunettes de vue adaptées pour permettre aux personnes de conduire leur voiture.
En revanche, certaines déficiences visuelles plus importantes comme une cataracte, un glaucome une opacité cornéenne ou encore une rétinopathie diabétique peuvent impacter la vision au point d’obliger l’arrêt de la conduite. Seul un professionnel de santé peut évaluer la gravité du trouble et son impact sur la conduite en toute sécurité.
Peut-on conduire avec un glaucome ?
Le glaucome est une maladie chronique causée par des lésions du nerf optique. Il affecte principalement la vision périphérique des concernés. Ainsi, ceux-ci peuvent conserver une très bonne vision centrale jusqu’à un stade avancé de la maladie. Cela permet généralement aux personnes de conduire à condition de recevoir un traitement adapté.
L’évolution de la vision périphérique est tout de même à surveiller. Si le champ de vision se réduit trop, le conducteur peut avoir du mal à lire les panneaux ou à percevoir les véhicules et les piétons situés sur les côtés de son véhicule.
Quel est le seuil d’acuité visuelle au-delà duquel la conduite est impossible pour un malvoyant ?
Un handicap visuel important nécessite un examen médical déterminant si le patient peut prendre le volant. L’ophtalmologue mesure l’acuité visuelle en vision de loin. Le test est effectué avec les deux yeux ouverts et avec les corrections optiques habituelles.
Pour pouvoir conduire, une acuité binoculaire (des deux yeux) minimale de 5/10 est requise. Ainsi, même si un œil a une très mauvaise vision, mais que l’autre voit très bien, la personne peut conduire.
En cas de perte brutale d’acuité visuelle (sans passer en dessous du seuil de 5/10), il est généralement imposé au patient de s’abstenir de conduire pour une durée de 6 mois. Ce délai permet à la personne de s’habituer à sa nouvelle vision pour pouvoir reprendre le volant en toute sécurité.
Dans chaque cas, le port des corrections optiques nécessaires est mentionné sur le permis de conduire.
Existe-t-il des outils facilitant la conduite pour les personnes malvoyantes ?
Les outils facilitant la conduite pour les malvoyants sont principalement des lunettes de différents types.
Les lunettes de soleil adaptées à la vue
De nombreux accidents sont causés par des éblouissements. En portant des lunettes adaptées à votre vue, vos troubles sont corrigés et vous êtes protégés du soleil. En revanche, il est recommandé d’opter pour des verres relativement clairs pour ne pas être gêné lors d’un passage dans un tunnel.
Les verres antireflets
Une étude de Ross a démontré que les verres classiques augmentent considérablement les éblouissements sur la route. En optant pour des verres antireflets traités à l’avant et à l’arrière, l’éblouissement peut être significativement diminué et faciliter la conduite.
Les lunettes anti-éblouissement
Peu répandues, les lunettes anti-éblouissement ont des verres orange. Cette couleur leur permet de filtrer les composantes bleues de la lumière. Elles réduisent grandement l’éblouissement et ne diminuent pas la vision dans les zones d’ombre puisque l’orange augmente le contraste visuel.
Les lunettes de conduite de nuit
Certaines personnes malvoyantes sont particulièrement en difficulté la nuit en raison d’une mauvaise adaptation visuelle à l’obscurité ou d’une grande sensibilité à la lumière. Les lunettes de conduite de nuit comportent des filtres orangés qui augmentent le contraste et diminuent l’éblouissement. En revanche, ce type de lunettes a tendance à affecter la perception des couleurs.
Les autres outils
D’autres outils comme des aides auditives sont en développement, mais ne sont pas encore approuvés comme aides à la conduite pour les malvoyants. L’apparition de lunettes agrémentées de caméras et de voitures plus autonomes et intelligentes peut laisser penser que les personnes malvoyantes pourront davantage conduire dans le futur.
La conduite doit-elle se faire avec un accompagnateur lorsqu’on est malvoyant ?
La loi française n’apporte aucune précision sur la conduite avec un accompagnateur pour les malvoyants. Les personnes dont la vision ne permet pas de conduire seules ne sont pas non plus autorisées à conduire accompagnées excepté sur certains circuits.
Quel est le champ visuel minimum pour conduire ?
Lorsqu’il effectue un examen pour déterminer l’aptitude à la conduite d’un patient, l’ophtalmologue contrôle également le champ visuel. Le test permet de vérifier la vision périphérique. Pour pouvoir conduire, la vision doit être parfaite dans un rayon de 20° autour de l’axe central.Elle doit être considérée comme bonne dans un rayon de 120° en vision horizontale, 50° vers la gauche et vers la droite, 20° en vision verticale.
Est-ce que je peux conduire avec un seul œil ?
En France, il est possible de conduire avec un seul œil sous certaines conditions. Il est possible de prendre le volant si l’œil valide a une acuité visuelle supérieure ou égale à 6/10 après correction en dotant son véhicule de rétroviseurs latéraux. Il n’est cependant pas possible de conduire des véhicules lourds ou des véhicules professionnels (ambulance, taxis…) avec un seul œil.
Même avec un seul œil ou un trouble de la vision peu important, la conduite reste autorisée. Certains pays ont mis en place un contrôle régulier de la vision des automobilistes. Cette initiative permet de limiter les risques d’accident dûs à des problèmes de vue. Ce n’est pas le cas en France, c’est pourquoi il est essentiel de demander conseil à un professionnel de santé au moindre doute.